Les conditions de vie, la scolarité et l'éducation des enfants de bateliers
R- Et bien disons comme j'vous disais en, moi comme mon mari nous sommes nés au bateau. Pour la scolarité en principe c'est un peu un problème quand il faut aller à l'internat, bien qu'à notre époque il n'y avait pas encore d'in, à l'internat vraiment, fallait mettre dans des pensions privées, dans des internats privés, mais nous nous avons eu la chance, surtout mon mari, de pouvoir aller chez ses grands-parents. Donc il a été chez ses grands-parents pour toute sa scolarité jusqu'au certificat d'études dont il a été reçu avec une très bonne mention, moi c'était plus compliqué parce que deux ans plus jeune, je suis tombée au moment de la guerre à 39 euh
R2- 40
R- 40 oui. Alors j'étais aussi chez mes grands-parents mais ça c'est abrégé a assez rapidement parce que vu l'évacuation, mes parents ils ont été deux mois sans mes nouvelles et par la suite mes parents n'ont plus voulu me mettre euh dans une école et c'est mon père, en achetant des livres, qui a continué mon instruction, plus ou moins bien bon, on s'est quand même pas trop mal tiré. Mon fils a eu la chance aussi que d'aller chez sa grand-mère et mon p'tit fils nous l'avons eu également chez nous. Ici nous avons encore notre petit fils bon qu'là c'est les vacances mais ça s'enchaîne un peu chez nous de toujours prendre les enfants. Par la suite euh évidemment pendant la guerre ça a pas été drôle pour personne d'ailleurs, on avait donc ces fameuses péniches en bois avec la cabine centrale, qu'il fallait entretenir assez fréquemment, on s'est mondé, on s'est connu bon comme euh beaucoup d'personnes euh par les rencontres aux bateaux, au, dans les bals euh musette et pis on a eu aussi des difficultés à trouver un bateau, parce que à l'époque, c'était donc en 53, bien qu'ça faisait déjà quelques temps après la guerre euh les péniches se trouvaient très, très mal pour même euh salariés ou au pourcentage, mais bon on a quand même arrivé à s'caser. On a resté 15 mois salariés, ça nous a pas tellement plu, on a pris un bateau au pourcentage///
Q- Quel type euh de bateau vous avez pris ?
R- Euh un peu dans le style euh de la nôtre qu'on a pris par la suite.
R2- Oui ça là.
R- Oui c'étaient des ///
R2- 38, 38 mètres
R- on était assez bien logé, c'étaient des beaux bateaux, motorisés, enfin c'était un peu question moteur qu'on n'a pas été toujours euh tellement gâtés mais les gens y faisaient un p'tit peu avec les moyens du bord hein ! tout l'monde n'avait pas l'argent pour renouveler les machines et fallait quand même euh renouveler ce parc fluvial euh chacun son tour.
Q- Mais///
R- C'étaient les méfaits d'la guerre. Allez-y
Q- Mais est-ce que dans votre jeunesse vous vous êtes posé la question sur euh c'que vous alliez faire comme profession plus tard ou c'était évident que vous alliez être batelier ?
R- C'était pour dire évident qu'on allait être batelier. On avait ça dans l'sang et comme on pour continuer les études il fallait évidemment payer, comme les parents n'avaient pas non plus l'argent nécessaire, si c'n'est, si n'ont vraiment qu'des bonnes têtes qu'on faisait des sacrifices que ( ???) des gens que qu'y z'ont lancé leurs enfants à continuer et à évoluer dans ce s, dans les études. Mais nous ça n'a pas été notre cas et pis d'toute façon ///
R2- on adore notre métier.
R- on adorait notre métier. Alors pour nous y'avait pas d'problème c'était l'bateau.
Q- Ça n'a pas été une contrainte de
R- Du tout, du tout, au contraire, au contraire oui.
Q- Et est-ce que vous enfant vous étiez également sur un, sur le bateau ( ???)
R- Ah toujours, toujours, toute ma jeunesse, toute ma jeunesse.
R2- Tout l'temps.
Q- Et quelle était la place de de l'enfant sur le bateau ? qu'est-ce qu'il faisait ? enfin est-ce qu'il avait un rôle particulier ?
R2- Ben
R- Disons que oui enfin, bon bien sûr comme tout enfant on jouait mais quand il fallait aller prendre les cordes pour euh l'amarrage euh aller aux écluses avec les papiers euh ça c'était un peu notre rôle à nous et on aidait pour les peintures beaucoup euh ///
R2- Entretien.
R- à l'entretien. On aidait beaucoup l'entretien, très jeunes nos parents ils ils nous apprenaient, même mon père, parce que à l'époque on les bateaux, les péniches en bois, c'était pas d'la peinture, c'était du goudron d'Norvège, pour entret'nir le bois, ché pas si vous avez connu non ? bon, alors ça c'était quand même assez dur à mettre, fallait déjà qu'il fasse très chaud, avec des pinceaux spéciaux pis avec un grand manche qu'y fallait mettre un peu en tournant pour dire d'arriver à à en mettre partout pis étaler.///
R2- Etaler oui.
R- Alors mon père avait fait les pinceaux à à notre taille quoi, alors pour nous c'était plutôt, ça tournait en amus'ment et ça s'est toujours euh passé relativement bien, on n'avait jamais l'temps d's'ennuyer, bon ben bien sûr la nature était à nous. On allait aux mûres, on allait aux pissenlits euh c'était un jeu vraiment agréable pour euh on n'avait pas beaucoup l'temps d'jouer à la poupée. C'est pas notre fort. On aimait mieux
Q- Est-ce, est-ce que vous avez, vous me, vous ne vous cantonniez pas à rester sur le bateau vous visiblement ?
R- Ah, en ben non pas du tout, pas du tout. Même si d'une écluse à l'autre y'avait pas tellement d'espace, mettons un maximum 2 kilomètres, il était assez fréquent que on restait sur la digue et pis on suivait l'bateau en cueillant des fleurs. On n'était pas du tout que maintenant bon ben ça c'est plus compliqué parce que c'est déjà beaucoup plus rapide, les enfants n'arrivent pas non à suivre et pis mais enfin moi j'vois mes p'tits enfants n'ont pas non plus l'temps d's'ennuyer au bateau hein.
R2- Ils adorent el'bateau aussi eux.
R- Ils adorent le bateau aussi parce que mon p'tit fils n'a pas non plus voulu continuer les études, il a été jusqu'à la 3ème à la, à Thourotte et pis y'avait pu rien à faire c'était l'bateau. Donc, maintenant il est en stage au Tremblay pour une semaine et 3 s'maines en apprentissage avec ses parents, mais évidemment c'n'est pu la même chose qu'à notre époque hein. Maintenant bon ben c'est la conduite euh c'est pu la le macran c'est la barre euh c'est l'radar, c'est l'moteur à l'avant c'est un peu plus compliqué. Plus compliqué et moins fatigant, moins d'contraintes euh de par///
Q- Mais sinon un enfant qui euh qui est comme ça sur l'bateau qui s'déplace avec ses parents, est-ce qu'il souffre un peu de une certaine solitude parce que y'a pas beaucoup d'contacts avec euh d'autres ou pas du tout ?
R- Euh pas du tout. Pas du tout parce que vous avez tous les jours du renouveau et comme ici mon p'tit fils euh il s'est trouvé quand même euh ah il a quand même été ici toute son en, toute sa primaire, toute sa secondaire ici, il y a toi toi t'es de Longueil donc y'avait énormément d'copains et d'copines et quand il revient, ben son première chose c'est d'sauter sur l'vélo et dire bonjour, alors c'est une retrouvaille euh c'est une gaieté, c'est une joie que n'ont pas les les autres enfants ils euh ils l'disent on n'a pas c'te joie là puisqu'on se voit tout l'temps. C'est un peu s'qui s'pro, produit aussi avec les parents. Pendant les vacances des fois les parents y disent vivement les écoles qu'on qu'on ait un p'tit peu tranquille parce que c'est fatigant les enfants à la maison ça fait d'travers que ici bon vivement les vacances qu'on ait les enfants et pis bon après on n'est pas pressé d'les r'mettre à l'école. Bon beh des fois c'est un peu dur parce qu'ici ma mes enfants ils ont quand même été un mois partis peu pour l'Allemagne, Belgique, Allemagne, Hollande, ils ont été un mois sans voir la leur petite fille, mais pour ma belle fille c'était surtout dur, mais la p'tite elle y pense pas trop parce que bon elle c'est l'école, pépère, mémère, les copains, les copines bon elles les ont euh souvent au téléphone, parce que tous les deux jours elle, ils appellent au téléphone bon bonjour papa, bonjour maman, a y est, ça s'passe relativement bien.
Q- Mais vous enfant vous aviez le même type de rapports avec vos parents que que vos p'tits enfants aujourd'hui ?
R- On s'voyait plus souvent parce que bon les transports étaient, on avait beaucoup plus d'transports en France, on n'était pas obligé de s'expatrier comme maintenant parce que le charbon dans le, du Nord - Paris euh pff on suffisait pas tellement qu'on avait des transports euh pis la route elle était quand même plus longue à faire, c'était pas moderne comme maintenant. On avait quand même des attentes attraper le r'morqueur, la traction, c'était pas motorisé. Je sais pas si on vous a déjà expliqué qu'y avait les tractions sur rail, même encore si on va chercher les grands parents c'étaient les ch'vaux.
R2- Le halage.
R- Hein on avait même euh si vous avez eu l'occasion ou bien si vous avez core l'occasion de v'nir voir l'exposition qui s'passe de temps à autres à la salle des fêtes, on a encore des très belles cartes postales du temps qu'y avait les ch'vaux à l'église de Longueil. C'était c'est très bien à voir. Et c'qui s'produisait aussi c'est que bon ben on n'avait pas la voiture comme euh maintenant pour aller s'déplacer parce que maintenant quand même avec les voitures on voit les enfants même si on est au loin en on peut, on vient, mais disons qu'à l'époque on était un peu dans les régions où l'enfant était scolarisé. Comme lui il était scolarisé qu'ici à Longueil et ses parents y faisaient l'Nord - Paris, donc en
R2- Oh il a été quand même, il est arrivé une fois, euh plus d'une fois qu'j'ai eu été un mois aller-r'tour///
R- Pour faire un transport oui, tellement qu'y avait d'bateaux.
R2- pour partir à, dans l'Nord et rev'nir si y faut être dans l'temps y fallait plus d'un mois à faire l'aller et r'tour hein.
R- Mais rien qu'à savoir que les parents ils allaient arriver ça ça nous a encouragés et pis ça n'causait pas d'problème. Et l'avantage qu'on avait, encore maintenant d'ailleurs, c'est qu'on n'est pas obligé d'mettre l'enfant à la crèche quand il est petit. On ne le met qu'à l'école à l'âge de 5 ou 6 ans pour la maternelle, sinon on élève ses enfants chez soi, par nous-mêmes. Donc, tout petit l'enfant est toujours en contact avec ses parents. N'a pas b'soin d'nourrice euh s'lever à 7 heures du matin pour euh ///
R2- Pour l'déposer.
R- pour l'déposer.
Q- C'est pas connu ça.
R- Non. Mes enfants n'ont pas connu, mes p'tits enfants n'ont pas connu ça. Alors bon beh y'a beaucoup d'gens y disent oui c'est un vrai problème la scolarité, c'est un fait celui qui doit aller internat c'est pas drôle du tout, mais d'un autre côté///
R2- Oh ils y vont hein !
R- quand l'enfant a vraiment besoin d'ses parents là, il est chez ses parents. Alors les enfants connaissent toujours très bien leur père qui s'y sont très attachés puisqu'y z'ont toujours été avec papa et maman.